Aaron

Traqué par le FBI, l’hacktiviste Aaron Swartz se réfugie dans une classe.
Son crime ? Télécharger des thèses universitaires payantes pour les diffuser gratuitement sur le web.
Son combat ? Réduire les inégalités d’accès au savoir en conservant le rêve d’un Internet basé sur le partage et l’échange.

Ponctué d’extraits d’un journal télévisé sensationnaliste, le spectacle nous fait découvrir le destin méconnu d’Aaron Swartz (1986-2013), génie du Web et militant du libre accès à la connaissance et aux biens numériques.

Quel Internet souhaitons-nous défendre ?

Aaron est né avec Internet.
Internet est-il mort avec Aaron ?

Qu’avons-nous fait/que pouvons-nous encore faire d’Internet ?

Lanceurs d’alerte… traîtres ou héros ?

Aaron est une forme ultra-légère qui, hormis une télévision ou un vidéo-projecteur, ne nécessite aucune scénographie autre qu’une classe de cours (tableau, chaises, bureau…).

La pièce fait écho au contexte scolaire dans lequel elle se joue : pas de quatrième mur, les élèves sont considérés pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des élèves-spectateur.ice.s.

Un temps d’échange avec les élèves est prévu après chaque représentation.

Deux représentations sont possibles durant une même journée.

Ce portrait a un potentiel de suivi pédagogique important en regard des sujets qu’il soulève, qu’il s’agisse du droit à l’information et à la connexion, des Fake News, de la condamnation pénale d’activistes, de l’utilisation et du rôle d’internet, de santé mentale…


Le spectacle ne délivre aucune morale, mais ouvre de multiples questions à aborder en classe.

« L'information, c’est le pouvoir. Mais comme tout pouvoir, certains veulent le garder pour eux-mêmes(…).
Il est temps, dans la grande tradition de la désobéissance civile, de déclarer notre opposition au vol privé de la culture publique. Nous devons prendre l'information partout où elle est stockée et la partager avec le monde. »

AARON SWARTZ
Manifeste de la guérilla pour le libre-accès

Note d’intention

Aujourd’hui plus que jamais, l’accès à la culture pour les adolescents nous semble être une mission primordiale des artistes.

Nous attachons une grande importance dans nos travaux respectifs au public adolescent car nous considérons que les jeunes sont non seulement les futurs spectateurs des salles de théâtre mais surtout les citoyens de demain.
Il nous semble que la culture développe l’esprit critique et donc est un moyen nécessaire pour devenir un citoyen “éclairé “.

La crise du Covid-19 a transformé nos rapports au monde et a renforcé les disparités d’accès à la culture, notamment chez les plus jeunes.

Lors de nos différentes rencontres avec des groupes d’adolescents, nous avons été frappés par les a priori qu’ils avaient sur le théâtre, sur le fait qu’ils avaient le sentiment que c’était ennuyeux, que ça ne les concernait pas mais également qu’ils ressentaient une certaine peur à franchir les portes d’une salle de spectacle.

Partant de ce constat, puisqu’il est difficile d’amener les adolescents au théâtre, il faut que le théâtre aille à eux. Et donc créer des spectacles qui puissent se jouer directement dans leur établissement scolaire et plus précisément dans leur salle de classe.

La vie et l’oeuvre d’Aaron Swartz

En 2016, Fabrice Murgia, assisté par Vladimir Steyaert, crée Black Clouds, spectacle sur les inégalités d’accès à l’information et à Internet ainsi que sur la fracture numérique existant entre pays du Nord et pays du Sud.
L’introduction de ce spectacle était un court portrait d’Aaron Swartz.

Vladimir Steyaert quant à lui, crée en 2019 Codebreakers, spectacle qui croise les destins de quatre casseurs de codes de domaines et d’époques différentes : Giordano Bruno, Camille Claudel, Alan Turing et Chelsea Manning.

Ces 4 figures ont, comme Aaron Swartz, brisé des codes et ont été brisées par la société.

Forts d’une longue complicité artistique, Fabrice Murgia et Vladimir Steyaert ont la volonté commune de s’adresser au public adolescent.

Tous deux admiratifs de la figure d’Aaron Swartz, ils ont décidé de s’associer pour créer une forme légère sur cet hacktiviste, célèbre dans les milieux geeks mais très peu connu du grand public.

Parler de sa personne, de son destin et de ses découvertes à des jeunes gens nous apparaît comme une évidence car les éléments qui traversent sa vie peuvent avoir un écho direct sur de vastes sujets qui parcourent l’existence des adolescents aujourd’hui :

  • le monde d’Internet : Aaron naît à l’époque où Internet commence à arriver dans les foyers.
    L’Internet qu’il connait enfant puis adolescent n’est pas celui que connaissent les jeunes d’aujourd’hui. A son époque, une utopie sur un partage gratuit de la connaissance est encore possible, les GAFAM n’ont pas encore développé leur hégémonie sur le monde numérique.

  • le droit à l’information et à la connaissance : pour Aaron, une condition sine qua none de la démocratie est que les citoyens puissent accéder à pluralité d’informations. Et pour lui, Internet peut et doit permettre cela.

  • les lanceurs d’alerte : sont-ils des traîtres ? des héros ? Faut-il les condamner pénalement ? Ou au contraire les protéger ?

  • la santé mentale des adolescent.e.s : Aaron souffrait de TDAH (Troubles de l’attention et de l’hyperactivité) et a connu de nombreux épisodes dépressifs durant son adolescence et sa jeune vie d’adulte. Il nous semble très important de pouvoir parler de ces difficultés psychologiques sans tabou à un auditoire adolescent.

  • les fake news et le sensationnalisme de l’information : le fil conducteur du spectacle est un journal télévisé d’une fausse chaîne d’informations en continu. Ce JT présente l’intervention d’Aaron Swartz dans la salle de classe comme une prise d’otages dans une école alors qu’il est simplement en train de s’y réfugier. Nous souhaitons développer l’esprit critique des adolescent.e.s face aux éventuelles manipulations des images.

  • l’engagement militant et citoyen et l’impact de ses actions/choix sur le monde : Aaron Swartz a réussi grâce à ses combats à faire adopter ou rejeter certaines lois liées à la régulation d’Internet. Il nous semble donc pertinent, dans une époque marquée par un fort défaitisme, que les actions individuelles et collectives peuvent influencer le cours du monde.

    Tout ça dans une forme théâtrale ludique et interactive !

Texte Fabrice Murgia et Vladimir Steyaert
Mise en scène Fabrice Murgia et Vladimir Steyaert
Avec Naïm Bakhtiar
Interprètes en vidéo : Ferdinand Despy, Karen De Paduwa, Patrick Donnay, Alexis Gonzalez, Nancy Nkusi, Emilienne Tempels

Création vidéo et habillage : Giacinto Caponio / ACTV


Une création de Bruxelles-Laïque (Festival Chatbox)
Production exécutive Compagnie Vladimir Steyaert / Compagnie Artara-Fabrice Murgia
Coproduction Théâtres en Dracénie, Scène Conventionnée-Draguignan
Avec la collaboration d’ACTV (Antenne Centre Télévision) 

Avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, du Département de la Loire et de l’École de la Comédie de Saint-Étienne / DIESE # Auvergne-Rhône-Alpes.
La Compagnie Vladimir Steyaert est conventionnée au rayonnement par la Ville de Saint-Etienne.
Vladimir Steyaert est artiste associé à Théâtres en Dracénie, scène conventionnée art et création-Draguignan

Captation disponible sur demande à compagnie.vs@gmail.com

AARON SWARTZ (1986-2013)

Hacktiviste de génie, il s'est battu toute sa vie pour la libre circulation des informations et des savoirs.

Aaron Swartz est un enfant surdoué. Son père édite des logiciels informatiques et le garçon se passionne pour les ordinateurs dès ses 3 ans. Deux ans avant Wikipédia, il code à l’âge de 13 ans The Info Network, un site participatif de partage de connaissances.


Adolescent, il participe à la création de deux innovations majeures du Web encore utilisées aujourd'hui : le flux RSS et la licence Creative Commons. Très vite, il est repéré par Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web, qui voit en lui un prodige du net.

Après un passage éclair d'un an à la prestigieuse université californienne de Stanford, Aaron Swartz se greffe, en 2005, à un projet qui va changer sa vie. 
Le forum d'agrégation d’actualités et de discussion en ligne, baptisé Reddit, rencontre un succès immédiat. La start-up le rend célèbre et est rachetée par Condé Nast. 


Aaron Swartz devient multimillionnaire à seulement 19 ans. Mais le jeune homme n’aspire ni à l’argent, ni à la célébrité. Ce qu’il veut, c’est créer un monde meilleur. 


Il lance ensuite Open Library, un site participatif qui recense tous les livres du monde. Mais il se joint aussi à des actions plus politiques. En 2008, Aaron Swartz télécharge 2,7 millions de documents PACER, un système gouvernemental qui fait payer l’accès à des documents judiciaires appartenant au domaine public. Il attire alors l’attention des services secrets américains, qui vont le surveiller, lui et sa famille. 


Mais c’est en janvier 2011, que la vie d’Aaron Swartz bascule. 
Le jeune homme est inculpé pour avoir téléchargé quasiment 4,7 millions de documents de recherche académique depuis la base de données non lucrative JSTOR. 
Un téléchargement qualifié "d'excessif" par la justice américaine, qui s'est déroulé depuis le campus du Massachusetts Institute of Technology (MIT), où il n’était pas un étudiant. 
La justice américaine veut le juger pour crime et est bien décidée à faire de lui un exemple. La procureure du Massachusetts de l'époque, Carmen Ortiz, déclarait au sujet du dossier : “Voler, c’est voler. Que vous utilisiez un ordinateur ou une barre de fer.”

L’une de ses dernières actions a été le combat contre le Stop Online Piracy Act (SOPA) qui aurait permis au gouvernement de fermer n’importe quel site internet sur simple soupçon de non respect du copyright. Grâce à son activisme, il fait basculer le vote et enterre le projet de loi.

Après deux ans d’une procédure très dure, que sa famille a décrit comme du harcèlement, Aaron Swartz, en proie à des épisodes dépressifs, met fin à ses jours chez lui en 2013, un mois avant le début de son procès.

Aujourd’hui encore, il est salué comme l’un des grands architectes d’Internet et l’un des militants les plus importants de l’Open Access.

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Scarlett et Novak